Futur siège social de la FFRandonnée, vers un changement capital... 5 questions à Brigitte Soulary et Madeleine Lebranchu




Quelles raisons ont motivé les équipes dirigeantes du siège à engager une réflexion autour d’un changement de siège social pour la Fédération à l’horizon 2024 ?

Brigitte S. : Cette idée ne date pas d’hier ! Elle a été mûrement réfléchie depuis plusieurs mois déjà. Confronté à l’échéance du 30 novembre 2024, date de fin du bail locatif de la FFRandonnée, le bureau fédéral s’est en effet emparé du sujet dès la rentrée 2022.
Ce dernier a rapidement pris la décision de missionner des élus référents, un groupe de travail (constitué d’administrateurs mais aussi de salariés, notamment le Directeur général et le responsable administratif et financier) afin d’avancer pas à pas sur le dossier, jusqu’à la décision finale, unanimement approuvée par le comité directeur de mai 2023.

Madeleine L. : Les équipes dirigeantes de la FFRandonnée ont dû faire face à deux choix : renouveler le bail dans les mêmes conditions pour 9 années de plus, ou opter pour un nouveau modèle - à la fois sur le plan organisationnel mais aussi économique - via l’achat de notre futur siège. Compte tenu de nos ambitions actuelles et à venir, nous avons été finalement convaincus de la nécessité d’un changement, qui nous apparaît aujourd’hui comme une certitude.

Pourquoi ce besoin de changer vous semble-t-il si évident ?

BS : Outre l’échéance du bail qui touche à sa fin, nous avons fait le constat que nos locaux parisiens devenaient inadaptés à bien des égards. Les objectifs du plan fédéral se sont beaucoup diversifiés au cours de l’olympiade et demeurent ambitieux jusqu’en 2028 ; cela nous impose de recourir à des moyens supplémentaires. Par ailleurs, plus de 60 % des fédérations, dont plusieurs comparables à la nôtre, sont actuellement propriétaires de leur siège, condition sine qua non à leurs objectifs de croissance.

ML : Aujourd’hui, près d’une centaine d’élus, bénévoles et salariés assurent une présence régulière au siège et sont de plus en plus nombreux à nous rejoindre au fil du temps. Nous avons bien mis en place une charte de télétravail depuis un an, qui garantit une certaine flexibilité aux salariés notamment, mais nous devons pouvoir encore faire mieux. La configuration des locaux ne nous permet en effet plus à ce jour de recevoir tous les personnels simultanément, ni de leur assurer des conditions de travail optimales. Le développement pérenne de nos ressources humaines évoluant dans un cadre d’entreprise adapté est pourtant indissociable de la déclinaison en mode projet des axes stratégiques de la fédération (Esprit Rando, Institut national de l’emploi et de la Formation, Centre de développement de la marche…). Une fois cette étape franchie, nous nous donnerons toutes les chances de pouvoir relever efficacement les nouveaux défis qui nous attendent.

Le futur siège social devrait prendre la forme d’une « maison nationale de la marche et de la randonnée », expliquez-nous ce qui se cache derrière cette appellation qui nous met déjà l’eau à la bouche ?

BS : L’identité de la ville qui pourra nous accueillir n’est pas encore connue à ce stade, cependant nous prospectons, avec l’appui de notre partenaire et conseil immobilier PARELLA, les offres de biens à l’intérieur du grand Paris, qui nous semble être le périmètre le mieux adapté à nos besoins de voir plus grand. Le lieu choisi devra être avant tout accessible à moins de 15 mn à pied depuis les transports en commun et facile d’accès vers les gares SNCF parisiennes, afin, notamment, de simplifier les allers-retours des élus et salariés du national comme des comités. Notre maison de la marche et de la randonnée n’hébergerait pas uniquement nos bureaux et nos équipes, à l’instar de la « Maison du Handball », basée à Créteil. Nous avons comme projets d’implanter en son sein un centre national de développement de la marche, une maison sport-santé en lien avec nos différentes pratiques, ou encore LA boutique physique FFRandonnée officielle … Sans oublier l’intégration de l’INEFAR (ndlr. Institut national de l’emploi et de la formation aux activités de randonnée), dont le projet de création devra faire l'objet d'une validation du comité directeur.

ML : Nous souhaitons que cette maison soit la plus attractive, valorisante et accueillante possible, en adéquation avec le rôle de « tête de réseau », les valeurs et missions de notre fédération. Le préalable indispensable au confort de tous est donc de disposer d’une surface minimale de 1500 à 2000 m2 environ (contre 915 m2 seulement actuellement), agrémentée d’espaces de travail agréables, lumineux, modernes et polyvalents. A l’image d’une salle de réunion modulable d’environ 100/150 m² permettant d’accueillir les comités directeurs de la fédération (soit 30 à 40 personnes minimum), de « petites » salles de réunion et de travail, également modulables, de 2 à 10 places assises pour s’isoler, ou encore d’un espace « accueil » moderne. En marge des emplacements consacrés au travail, sont envisagés la création de lieux de vie « conviviaux » pour les salariés et bénévoles (cuisine équipée, salle de cafétéria/restauration...), l’aménagement d’espaces modernes pour l’informatique (serveurs, réseau, matériel etc.), ou l’installation de parkings équipés et sécurisés adaptés aux véhicules comme aux vélos, mobilités actives oblige !

Avez-vous prévu un plan de financement qui permettrait à la Fédération d’investir avec toutes les précautions nécessaires dans cet achat de siège social ?

BS : Nous avons pris le soin d’étudier avec la plus grande prudence les incidences possibles au plan financier. Les prix actuels du marché permettent d’estimer une telle acquisition entre 8 et 12 millions d’euros environ en fonction de la localisation, de la surface et de potentiels travaux à prévoir. Cela peut paraître beaucoup au premier abord. Néanmoins depuis 20 ans, la Fédération a déjà dépensé pas moins de 7 à 8 M€ pour la location de son siège social. En s’emparant plus en amont de cette problématique, nous aurions économisé les montants investis dans les loyers pour financer une partie de l’emprunt et pu concrétiser notre projet il y a plusieurs années déjà.
Par ailleurs, l’organisation des comités directeurs et autres réunions ou commissions à l’extérieur, faute de place dans les locaux, représente 50 K€ de dépenses annuelles ! L’option d’achat serait donc à la fois bien plus rentable pour la Fédération, source d’économies d’échelle durables et signe d’une gestion pertinente et saine.

ML : Le financement se fera par un emprunt bancaire, l’occasion pour nous de mettre en concurrence les créanciers afin d’obtenir les meilleures conditions d’achat (pour les prêts et fonctionnement courant). Rappelons également que la situation financière de la Fédération est bonne, grâce à une gestion rigoureuse et qu’elle permet donc d’envisager sereinement ce type de projet. Pour autant, nous aurons besoin de financements extérieurs ; nous avons d’ores et déjà engagé des démarches auprès des collectivités territoriales susceptibles de nous accueillir, comme auprès de nos partenaires institutionnels pouvant nous fournir des aides budgétaires, techniques et logistiques complémentaires.

Pourquoi la maison nationale de la marche et de la randonnée est-elle l’affaire de tous, selon vous ?

BS/ML : Cette maison, que nous espérons être la vitrine de notre Fédération dans un avenir relativement proche, est d’abord la vôtre. Si nous sommes à l’origine de ses fondations, c’est l’ensemble de ses structures qui participent à sa construction, qui concourent à sa réalisation et qui sont garants de sa pérennisation. Le comité directeur s’est certes prononcé en faveur d’un tel projet, mais n’a pas le pouvoir de décider ou non de son accomplissement. En vertu de nos statuts, l'Assemblée générale est en effet seule compétente pour « se prononcer sur les acquisitions, les échanges et les aliénations de biens immobiliers, sur la constitution d'hypothèques et sur les baux de plus de neuf ans. Elle décide seule de l'aliénation des biens mobiliers dépendant de la dotation et des emprunts excédant la gestion courante ».
Il appartient désormais à chaque dirigeant bénévole œuvrant dans nos clubs et comités de s’approprier ce choix et de le défendre lors du vote prévu à cet effet, en principe lors de la prochaine assemblée générale.



Crédit photos : FFRandonnée, Adobe stock