Prévenir l’hypothermie insidieuse et imprévue
Le ministère de la Santé propose des mesure préventives pour les grands et très grands froids bonnes à rappeler, même en région montagnarde où la population sait se protéger : l’imprudence des touristes fournit son contingent d’hypothermies sournoises. Parlons prévention hors des sentiers battus…
Tout animateur connaît les précautions d’habillage et d’alimentation face au froid. Mais il n’est pas aussi conscient d’une hypothermie insidieuse provoquée par l’état des pratiquants et non par l’environnement qui peut n’inspirer aucune inquiétude particulière. Qu’il ait pourtant des soupçons !
Tempérer l’impact météo
Un dispositif interministériel déclenche les plans Grand Froid selon les données de vigilance : le niveau 1 est saisonnier (vert), le niveau 2 (jaune) correspond à un pic de froid de courte durée (1 à 2 jours), le niveau 3 (orange) dit Grand Froid concerne des températures ressenties sous -18°C, le niveau 4 Froid Extrême (rouge) est dû à la longue durée de l’épisode Grand Froid (plusieurs semaines par exemple). Même au niveau 2 une sortie mal préparée peut entraîner une hypothermie, particulièrement quand le corps est fragilisé par une maladie chronique et/ou par un trouble transitoire comme un virus saisonnier (rhume, gastro-entérite, etc.). Pourquoi ?
Maladies et médicaments, le mariage suspect
Les maladies coûtent de l’énergie au corps, parfois beaucoup ! Or le métabolisme énergétique doit servir d’abord à maintenir une température interne de 37°C pour assurer les fonctions vitales. À 35°C ou moins on est hypotherme, en danger de défaillance corporelle largement favorisée par les troubles de santé.
Nombre de médicaments, pris pour soigner ces troubles, réduisent ce métabolisme, à commencer par les psychotropes : anxiolytiques, somnifères, antidépresseurs, antipsychotiques, reconnaissables à ce qu’ils font prendre du poids. On brûle moins de calories : pas bon pour lutter contre le froid ambiant !
Les médicaments contre les maladies de la thyroïde sont aussi à prendre en compte ; mal dosés ils désadaptent la chaudière corporelle à l’environnement.
Un médicament contre le diabète, la metformine, inhibe la production de glucose par le foie. Ce n’est pas considérable mais le glucose étant la première molécule productrice d’énergie cela peut suffire à amoindrir la capacité de lutte contre une exposition au froid qui dure ne fût-ce que quelques heures (outre l’aggravation des complications diabétiques existantes).
Aliments et dopants idem
Le métabolisme consomme d’abord du sucre sanguin lors d’un effort physique qui produit beaucoup de chaleur bienvenue contre l’hypothermie. Ce sucre vient du foie mais aussi des aliments dans le tube digestif. Celui-ci doit contenir assez de calories immédiatement utiles : sucres rapides et lents (simples et complexes).
Certains aliments stimulent le métabolisme énergétique : thé et café les premiers, même quand ils n’apportent pas de sucre dans la boisson. L’alcool fournit beaucoup de sucre mais, outre qu’il modifie le sens des réalités, il ouvre les vaisseaux sanguins de surface provoquant une perte thermique dangereuse qui ne cesse qu’avec le retour à zéro de l’alcoolémie.
Beaucoup plus risqués, les psychostimulants (amphétamines et dérivés en explosion de consommation) sont à risque d’épuisement énergétique donc d’hypothermie, en sortie de nuit par exemple. Gare aussi à la consommation de cannabis très répandue : en altérant la vigilance elle accentue les comportements à risque tels que l’habillage inadapté, la négligence des premiers signes d’alerte (frissons).
@SophieDumery