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Randonner en montagne

Publié le 07 octobre 2020

Berceau historique de la randonnée, la moyenne montagne est restée le terrain favori des randonneurs, à la belle saison. Dans ces régions, les sentiers sont nombreux : l’offre touristique en matière de guides de randonnée et d’itinéraires balisés s’y est considérablement développée. Plus accessible que la haute montagne, par endroits gagnée par les aménagements modernes, la moyenne montagne n’en demeure pas moins un univers où les lois naturelles s’imposent avec force.

Les précautions à prendre

L’orage, les risques de chute, la fatigue accrue par l’altitude, sont d’importants facteurs de danger : en témoignent les nombreux accidents de randonneurs constatés chaque été. Marcher en moyenne montagne suppose donc d’en connaître les contraintes et de respecter les règles élémentaires de sécurité, liées à l’altitude, au relief et au climat.

Une climatologie et une météorologie contraignante

La principale caractéristique du milieu montagnard est le changement rapide de température et de météo. Les conditions météorologiques peuvent passer d’un extrême à l’autre et il faut donc préparer son équipement pour toutes les éventualités.

Le froid et les variations de température

La température de l’air diminue avec l’altitude. Sous nos latitudes, le thermomètre chute en moyenne de 0,6 °C par 100 m de dénivelée : à une température clémente de 20 °C à 1 200 m, succédera donc une température de 11 à 12 °C, 1 300 m plus haut, à 2 500 m d’altitude.

Cette baisse de la température est d’autant plus sensible qu’elle intervient au moment même où le marcheur, un peu mouillé par la transpiration, parvient au sommet et veut profiter d’un moment de repos bien mérité. Le vent souffle souvent sur les sommets, les crêtes et les cols. Faute d’avoir prévu des vêtements chauds et un coupe-vent, la pause tant attendue se transformera en moment glacial, fatiguant et désagréable.

L’air étant plus sec en altitude, les variations de température deviennent plus sensibles et rapides en montagne. Cela se traduit, notamment dès l’approche de la nuit, par un brutal refroidissement de l’air. Pour conclure, on ne dira jamais assez d’emporter des vêtements chauds et imperméables, pour parer les changements de temps et de température. Un froid sec est plutôt de bon augure au niveau météo, et limite les risques de chutes de pierres enchâssées dans la glace.

La chaleur et le rayonnement solaire

Inversement, la chaleur peut devenir très intense en montagne. Les conséquences d’une exposition sans protection à un soleil ardent, ou d’un long effort en pleine chaleur, peuvent être graves.

En haute altitude, la chaleur constitue par ailleurs un facteur d’aggravation des risques inhérents à la marche si le milieu est encore enneigé : elle fragilise les ponts de neige au-dessus d’un torrent ou permet le dégagement des pierres de leur gangue de glace. Durant le jour, le rayonnement solaire est plus intense, 1,5 fois plus élevé à 2 000 m qu’au niveau de la mer, 2,5 fois à 4 000 m. La peau ou les yeux reçoivent donc une double dose de rayonnements ultraviolets et infrarouges.

Non calorifiques, invisibles, peu filtrés par le brouillard ou les nuages, les ultraviolets (UV) sont les plus dangereux par leurs conséquences possibles : cancers de la peau, cataractes. Ces risques sont augmentés par la présence d’un manteau neigeux au sol, qui réfléchit 80 % du rayonnement solaire.

La rapidité des changements de temps

En moyenne altitude, il faut savoir qu’une tempête de neige ou de grésil peut survenir en été. Ces brusques changements de temps, caractéristiques en montagne,ont surpris plus d’un randonneur expérimenté, parti le matin même alors que le beau temps régnait.
Il peut arriver qu’un brouillard épais s’installe inopinément, la question de poursuivre la randonnée ou de faire demi-tour doit alors se poser. Avant de l’avoir vécu, il est difficile de se représenter la violence d’un orage en montagne.

Se formant au coeur des cumulo-nimbus, il peut surgir brusquement, précédé par de fortes bourrasques de vent, accompagnées d’une chute marquée de la température et de violentes précipitations : pluie, grésil ou neige. . Il faut également rester conscient que s'il fait beau en vallée, un orage peut toujours éclater en altitude et provoquer une montée violente des eaux d'où la nécessité d'une grande vigilance sur les sentiers bordant les torrents.

Les effets physiologiques de l'altitude

En plus des conditions météorologiques imprévisibles, le randonneur doit aussi compter avec les effets de l’altitude sur son propre corps.

La raréfaction de l’oxygène

Sous nos latitudes, on observe que la pression atmosphérique diminue d’1/3 dès que l’on atteint 3 000 m d’altitude. À la diminution de la pression correspond une raréfaction proportionnelle de l’oxygène : à 3 000 m, le marcheur ne dispose que des 2/3 de sa ration normale d’oxygène.

Mais on considère que ce phénomène de déficit en oxygène peut apparaître dès que la limite des 2 000 m d’altitude est franchie.
Pour compenser cette baisse d’oxygène, l’organisme va augmenter son débit cardiaque et accélérer son rythme respiratoire. À effort égal, l’essoufflement sera donc plus important.

À moyen terme, l’organisme va générer un plus grand nombre de globules rouges, pour accroître les possibilités de transport de l’oxygène dans le corps. L’augmentation du nombre de globules rouges est maximale au bout de 8 à 10 jours passés en altitude. Chez certains sujets, l’exposition à l’altitude, même modérée (2 500 m) peut générer une pathologie spécifique, dont la plus courante est le mal aigu des montagnes.

Le réveil des maux dentaires

On ne le sait pas toujours, mais l’altitude accentue souvent de façon spectaculaire les problèmes dentaires, transformant par exemple la gêne que peut occasionner une simple carie, en une rage de dents lancinante et douloureuse. Avant de partir randonner en montagne, une visite de contrôle chez le dentiste s’impose.

La marche en montagne

Toutes les conditions énoncées doivent amener le randonneur à adopter un rythme de marche particulier à la montagne.

Un effort physique plus soutenu

Marcher en montagne est physiquement plus exigeant qu’en plaine. Les montées demandent parfois des efforts soutenus. Si les descentes sollicitent moins l’appareil cardiaque et respiratoire, elles continuent à mobiliser, parfois de façon éprouvante, les muscles et les articulations des membres inférieurs. Partir randonner en montagne sans aucune expérience de la marche, ou sans entraînement récent, ou encore dans une forme physique médiocre, est évidemment un facteur d’inconfort et de risque, susceptible de provoquer des pathologies handicapantes telles que crampes, tendinites…

La fatigue augmente également les risques d’accidents par inattention ou négligence : entorses, chutes… Quelques sorties d’au moins 15 à 20 km sont ainsi opportunes avant de partir en montagne. Pour les raisons de confort et de sécurité que nous avons évoquées plus haut, on ne partira pas en montagne sans vêtements de protection.

La peur du vide

Être confronté au vide ou à de fortes pentes peut provoquer chez certains une légère tension, voire, pour d’autres, une véritable angoisse. La sensation de vertige résulte d’une appréhension normale face au vide, et relève de l’instinct de survie.

Elle peut être dominée progressivement par l’expérience, en prenant l’habitude d’évoluer près du vide, sur des ponts, le long de corniches. Quant aux formes de vertige persistantes qui se rapprochent davantage d’une phobie, elles peuvent justifier une approche thérapeutique de désensibilisation.

Il faut savoir qu’en randonnée, une personne prise de vertige peut au pire mettre en péril tout un groupe : en refusant d’avancer ou de reculer, elle peut stopper la progression et communiquer sa panique.

Savoir reconnaitre les secteurs à risque

Le respect des règles élémentaires de prudence durant la marche est plus que jamais impératif en montagne, mais il importe également de savoir reconnaître les zones potentiellement dangereuses, soit pour les éviter, soit pour les traverser en adaptant au mieux son comportement.

Les barres rocheuses et les falaises

Il arrive qu’un itinéraire de randonnée longe la partie supérieure d’une barre rocheuse ou chemine à mi-falaise sur une vire, ces sentiers à même la paroi. Le risque est évidemment de trébucher ou de glisser en dehors du sentier : une chute de quelques mètres peut être dramatique. Si des enfants participent à la sortie, emporter éventuellement un bout de corde de 8 mm, deux sangles et deux mousquetons pour pouvoir les assurer dans un passage délicat.

Quitter le sentier principal en pensant être capable, comme une chèvre, de se glisser le long des parois et de sauter de rocher en rocher est d’évidence un comportement risqué.

Il faut savoir qu’il est toujours plus facile, paradoxalement, de monter que de descendre, et que l’un des pièges classiques de ce type d’aventure est de se retrouver coincé dans un passage rocheux, sans pouvoir accéder plus haut, ni redescendre sur ses pas.

Les barres rocheuses peuvent devenir extrêmement dangereuses en cas de pluie et de brouillard. Si les prévisions météorologiques n’annoncent pas un temps dégagé, renoncer et choisir un autre but de sortie.

Les pentes

L’herbe mouillée, gelée, ou au contraire très sèche, peut transformer une pente un peu raide en véritable terrain de glisse à l’issue incertaine (rochers, torrent, obstacle). C’est pourquoi il est fortement imprudent, dans ce cas, de céder à l’envie de « couper », pour gagner du temps par exemple. De la même façon, progresser sur un sol incliné constitué de dalles de schistes ou recouvert de neige dure peut provoquer des dérapages.

Les zones de rochers

Chute ou dégringolade dans la pente entraînant coups et blessures, les conséquences d’un éboulement, même peu important, peuvent être très graves, voire mortelles.

Les couloirs, les pierriers constituent des déversoirs naturels, dans lesquels il est conseillé de porter un casque. La meilleure protection étant la vigilance, sachez reconnaître ces zones à risque et passez vite votre chemin.

Le risque de chute de pierres est accru par temps de pluie ou au printemps, lorsque le soleil réchauffe les parois rocheuses, détachant les pierres figées par le gel. Méfiance également si vous marchez en contrebas de randonneurs, leurs déplacements peuvent faire rouler des pierres.

Les torrents

Au printemps et en été, du fait de la fonte des neiges, les torrents grossissent au cours de la journée ; ils peuvent aussi monter très brusquement en cas de fortes précipitations. Si le gué est devenu infranchissable, il est inutile de s’obstiner à passer malgré tout, la force de l’eau, glaciale de surcroît, étant insoupçonnable : il est préférable de chercher un autre passage, ou d’attendre.

Malgré leur apparente solidité, les ponts de neige au-dessus des torrents sont souvent dangereux, car fragilisés par l’eau se déversant en dessous : ils peuvent se rompre sous le poids du marcheur. Si l’itinéraire longe en aval un barrage ou une retenue d’eau, se renseigner au préalable sur d’éventuels lâchers d’eau.

Les lapiaz

Creusés par les eaux au fil du temps, les lapiaz sont ces rainures que l’on trouve à la surface des vastes étendues calcaires désertiques, plus ou moins plates. Par endroits, il peut s’agir de véritables crevasses minérales : c’est pourquoi il ne faut jamais s’aventurer sur ces terrains par brouillard ou lorsqu’ils sont enneigés.